Roger Claudon
Claudon, Roger (1861-1915).
Cinquième enfant de Julien Théodore Claudon et de Marie, née Dollfus, Roger naquit à Paris au domicile de ses parents, 26 quai de Béthune. On notera son voyage en Algérie avec son frère Édouard. Artiste peintre, il suivit les cours à l’atelier Cormon à Paris.
À Paris, Roger Claudon vécut surtout au pied de Montmartre, 15 impasse Hélène en 1885 et 26 rue Bréda en 1889, avec une parenthèse en 1886 rue Aumont-Thiéville dans le 17ème arrondissement. À l’atelier Cormon, plusieurs condisciples furent ses amis : Louis Anquetin (1861-1932), qui l’a certainement représenté sur le tableau L’intérieur de chez Bruant (Collection particulière), François Gauzi (1862-1933) qui a laissé sur lui quelques souvenirs encore inédits et des photos, Albert Grenier (1858-1925) et Henri de Toulouse-Lautrec qui brosse sa silhouette en 1888 dans Bal masqué, une illustration pour Paris illustré (Henri Perruchot, La vie de Toulouse-Lautrec, Paris, Hachette, 1967, p. 207). Dans la correspondance de Lautrec à sa mère (cf. l’éd. d’Herbert Schimmel, 1992), on relève plusieurs allusions à Roger Claudon, dès novembre 1882 : “En tout cas, je serai à vos pieds au 1er avec mon ami Claudon qui est charmant” et au printemps 1886 : “J’ai diné dans la famille de Claudon avec sa mère et son frère ; ils ont été très aimables…”
Évoquant le temps de l’atelier Cormon, Roger Claudon émet ce jugement rapporté par Gustave Coquiot, Lautrec ou quinze ans de vie parisienne (1885-1900)… 3ème éd.; Paris, Ollendorf, 1921, p. 32 : “Je me rappelle de ce temps peu de mots de Lautrec ; il aimait plutôt synthétiser tout une situation et à rendre les choses par une charge faite d’un trait étonnamment expressif”.
Toulouse-Lautrec a fait les portraits de ses amis Gauzi et Grenier. Celui de Claudon n’est pas encore répertorié…
Roger Claudon a participé aux “mascarades” tant prisées par Toulouse-Lautrec et ses amis. Des photographies prises par Gauzi dans l’atelier de Grenier en 1888 le montrent déguisé – et peu reconnaissable – en clown (voir le catalogue de l’exposition du Kunst Museum de Berne en 2015 : Toulouse-Lautrec et la photographie, p. 104) et dans Lautrec, mon ami de F. Gauzi, p. 127. en compagnie de Grenier et de sa future femme, le fameux modèle Lili Grenier (Amélie Sans). Outre les “mascarades”, L’Europe artiste, 11 janvier 1885 nous apprend qu’au Cercle Papillon, il a joué dans L’Habit vert d’Émile Augier et dans Service de campagne de Philippe de Massa.
Roger Claudon n’est pas répertorié dans le Bénézit. Selon Gauzi, il présenta un tableau au Salon en 1884 qui fut refusé. En 1886, il exposa à Rouen deux études (Cf. Les Salons de Province ; III. Salons et expositions. Rouen , t. I. 1833-1947). Il exposa au Salon des Indépendants quatre œuvres en 1890 (Blanchisseuses à Montmartre ; Étude ; Marchand de marron, rue Lepic ; Camelot ; Ramasseur de mégots) et en 1892 (Arroseur. Étude ; Le Drochon [rivière passant à Houlgate], La mare sous bois, Au bord de la rivière. Pastel. Sur l’eau). Le Matin du 21 mars 1892 évoque quelques “aimables figures”. Le Radical du 21 mars prête à La mare sous bois “du bon vouloir vers la sincérité” et La Liberté du 12 mars 1892 “un pastel d’une note fraiche et moderne”.
Outre le pinceau, Roger Claudon manie le fleuret et son nom figure dans des cercles d’escrime. Sa présence ainsi que celle de son frère Édouard est signalée le 28 août 1902 au Grand Hôtel d’Houlgate pour un assaut d’armes (L’Auto-Vélo, 1er septembre 1902).
Il s’installa à Villiers-sur-Morin (Seine-et-Marne) – résidence d’abord secondaire qui devient officielle en 1897 – près des ses amis Grenier au hameau Montaigu, qui accueillaient de nombreux peintres, d’où la présence d’un Cercle artistique dans la commune. Il vécut avec Marie Eugénie Pierrot (1861-1899), montmartroise, dont la mère était fleuriste près du cimetière Montmartre et de l’atelier Cormon. Du couple naquit une fille, Yvonne (1895-1983) que Roger reconnut. Celle-ci vit le jour au domicile parisien, 18 rue Fontaine.
Roger Claudon mourut subitement – comme son frère Édouard – à Villiers-sur-Morin le 31 janvier 1915 et fut enterré au Père Lachaise le 4 février (notice nécrologique dans Le Temps).
Orpheline à l’âge de 21 ans, Yvonne Claudon (1896-1983) fut adoptée par les Gustave Claudon, domiciliés alors 7 avenue Hoche à Paris. Elle exposa en 1919, dans le cadre de la Société de l’Union des femmes peintres et sculpteurs un pastel, Nature morte, se maria la même année avec le médecin militaire Marcel Garnier (1884-1975).
Un grand merci à Geneviève Guitard qui travaillant à une nouvelle édition des souvenirs de François Gauzi nous a permis d’entrevoir le personnage dont nous ignorions les relations dans le milieu artistique. Nous en saurons bientôt plus…
Quelques mots sur l’ambiance familiale : Yvonne Garnier fut la marraine de Jean Denieuil, né en 1928, fils aîné de Marie et Robert Denieuil (descendants d’Henry Claudon), tous deux catholiques attachés à des principes religieux. Son mari, Marcel Garnier fut le parrain de Marc Poupardin (1936-), baptisé au temple de l’Oratoire. Une tolérance certaine et plus que tout, de forts liens d’amitié et de solidarité régnaient dans la famille. Signalons dans ce même esprit qu’Odile Moreau, née en 1918, petite-fille d’Henry Claudon épousa Pierre Sarrazin, soldat de l’Armée du Salut et milita dans cette mouvance. Voir aussi la description des tombes Claudon du Père Lachaise (notice Eugénie Claudon, née Henry).